Hier, c’était Laba Jie – 腊八节 (littéralement, le huitième jour du douzième mois lunaire – pour le coup, le nom de ce festival n’est pas très original), ou plutôt devrais-je dire, le festival de Laba.
Historiquement, ce jour-là est l’occasion d’offrir des sacrifices aux ancêtres et de prier le Ciel et la Terre pour qu’ils offrent de bonnes récoltes l’année à venir. Puis le bouddhisme est arrivé en Chine et comme beaucoup de religions qui s’implantent, a récupéré la fête. C’est ainsi que peu à peu, le festival de Laba est devenu la commémoration de l’Illumination du Bouddha Sakyamuni. Mais aujourd’hui, c’est surtout devenu l’occasion de faire la fête (en Chine, toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête).
Quelques coutumes y sont associées, surtout dans le nord de la Chine, d’où je viens. L’une de celle-ci est la consommation de bouillie de riz Laba, en souvenir de Bouddha. En effet, Bouddha, dans ça recherche de l’Illumination, avait décidé de jeûner. Un jour, affaibli et sur le point de mourir de faim, une petite fille lui offrit de la bouillie de riz. Il atteint l’Illumination peu après cet incident.
La bouillie de riz Laba consiste en un mélange de toutes sortes de grains de riz, qu’on laisse bouillir pendant longtemps dans beaucoup d’eau. On y rajoute de nombreuses graines, haricots, fruits, etc. Bref, c’est l’occasion de laisser libre court à son imagination, mais il s’agit en général plutôt de produits d’hiver, qui donnent de l’énergie, afin d’affronter le froid hivernal.
Une autre tradition est la préparation de l’ail Laba. La recette est toute simple :
- prenez de l’ail, beaucoup d’ail. Épluchez-le. Mettez-le dans un grand bocal qui ferme hermétiquement.
- remplissez ensuite le bocal d’ail avec du vinaigre de riz noir chinois.
- fermez hermétiquement le bocal et attendez une vingtaine de jour, jusqu’à ce que l’ail verdisse.
Vous obtenez ainsi de l’ail un peu aigre et doux (et aussi du vinaigre parfumé à l’ail), parfait pour accompagner les raviolis du nouvel an chinois, qui arrive justement une vingtaine de jours après le festival de Laba, mais aussi les nouilles, ou tout autre plat qui vous chante.
Outre le fait que la date tombe bien pour préparer ce met pour le nouvel an chinois, l’association de cette façon de préparer l’ail et du festival de Laba est assez floue. L’une des explications que j’ai trouvée viens du fait qu’apparemment, cette journée était aussi l’occasion de payer ses dettes (traditionnellement, il faut solder tous ces comptes pour le nouvel an chinois afin de ne pas entamer la nouvelle année avec des dettes / des personnes qui nous doivent de l’argent. C’est mauvaise chance). Or compter et ail se disent tous les deux suan en chinois, ainsi, le fait d’offrir de l’ail Laba serait peu à peu devenu le symbole du remboursement de ses dettes.
Maintenant que vous savez-tout du festival de Laba, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter (avec un peu de retard) bonne fête et bon appétit !