Après quelques jours passés à Bintan, nous repartons pour Singapour, mais cette fois, n’y ferons qu’un passage express. En effet, nous rejoignons un groupe de voyageur au Raffles, avant de repartir illico pour la gare de Singapour, où nous attends le Eastern & Oriental Express.
Pas aussi fameux que son homologue occidental, mais tout aussi éblouissant, nous y embarquerons pour un voyage magique de 4 nuits, dont celle du nouvel an.
Cette ligne fût mise en service le 19 septembre 1993, sur le modèle du Venise-Simplon-Orient-Express. Le train est opéré par la compagnie Belmond (qui s’appelait encore Orient-Express Hotels lors de mon voyage – le changement de nom fût opéré en 2014).
Les wagons de ce train furent construits en 1971 au Japon, et commencèrent leur vie en Nouvelle-Zélande pour le Silver Star, train de luxe qui transportaient ses passagers entre Auckland et Wellington. Malheureusement, le développement de l’aviation et la mise en ligne de trains moins chers eurent raisons de lui et le Silver Train restât au garage à partir de 1979. C’est en 1991 que Orient-Express Hotels racheta les wagons, et refit et rénova entièrement le train (notamment parce que l’écartement des roues n’est pas le même en Nouvelle-Zélande et en Malaisie/Thaïlande).
L’intérieur de chaque wagon est aujourd’hui composé de marqueterie, entièrement faite à la main par des artisans locaux. Chaque wagon possède ses propres motifs, et diffère ainsi légèrement des précédents. Les broderies et tapisseries qui se trouvent un peu partout dans le train proviennent eux-aussi d’artisans malais et thaïs.
Le E & O fût le premier train à pouvoir transporter les passagers de Singapour à Bangkok d’une traite, site à un accord entre les compagnies ferroviaires thaïlandaises et malaises. Auparavant, les passagers devaient changer de train à Butterworth.
Quant au train en lui-même, ainsi que le service à bord, je n’ai pas suffisamment de mots pour le louer. C’était absolument magnifique.
Tout commence donc au Raffles, ou se fait l’accueil. A l’arrivée, nous avons le droit à une petite pochette, avec carnets de présentation du voyage, du train, quelques éléments d’histoire et de géographie. Puis nous sommes dirigés vers l’un des salons du Raffles, ou nous attendent, bien évidemment, des Singapore Slings, le temps que tout le monde arrive.
Une fois tous les passagers présents, nous sommes conduits en cars vers le gare, ou nous passons l’immigration puis découvrons finalement le train tant attendu. Après l’avoir pris de l’extérieur sous toutes les coutures, il est enfin temps d’y mettre les pieds et de découvrir notre cabine.
Les cabines
Il existe 3 types de cabines dans ce train. En ce qui nous concerne, nous avions réservés des cabines Pullman, les plus petites, mais ce qui ne les empêche pas d’être confortables et bien conçues. Il s’agit tout de même d’un train, donc elles ne sont pas grandes et il n’y a pas de places perdues, mais rien ne nous a manqué lors de notre séjour. Nous disposions même tous de notre propre salle de bain.
Le placard a même contenu tous nos vêtements pour les 5 jours à bord, sans trop d’effort, tandis que les valises devenues vides sont bien vite parties en stock, histoire de faire de la place. J’ai partagé la cabine avec mon frère, comme d’habitude lors des voyages en famille, et croyez-moi, celui-ci ne voyage pas léger ! Bon, par contre, je crois que mes parents, et ma mère notamment, ont eu un peu plus de mal.
Le temps de nous installer, et le thé était servi. Et quel thé ! Il y avait non seulement à boire, mais aussi une montagne de pâtisseries à manger. Et ce n’était que le début…
Pendant la journée, les couchettes sont sous formes de banquettes. Le soir, lors du dîner, le steward se chargeait d’ouvrir et préparer les lits pour la nuit.
Je mentionne là pour la première fois notre steward, mais il s’agit d’une pièce absolument essentielle au bon déroulement et confort du voyage. Chaque wagon a le sien, qui nous accompagne tout au long du voyage.
Le matin, c’est lui qui est chargé de nous réveiller et nous apporter le petit-déjeuner dans nos cabines. Pendant la première sortie de la matinée, il se charge ensuite de tout nettoyer, et mettre la cabine en configuration jour. De retour de visite, l’après-midi, il nous servait le thé. Et le soir, re-belote, c’est lui qui repassera la cabine en configuration nuit. Si nous avions besoin de quoi que ce soit, il était toujours là pour nous aider, et répondre à nos moindres questions. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il a pu faire pour nous.
Outre les cabines, le train dispose de nombreuses autres pièces à vivre.
The Observation Car
Tout en queue de train, ce trouve le wagon d’observation. Il était composé pour moitié d’un bar, et pour moitié d’une plate-forme d’observation, où nous pouvions profiter des magnifiques paysages traversés, un cocktail à la main.
C’est aussi là que je me suis postée pour écrire mes nombreuses lettres et cartes. Car oui, cartes postales et papiers à lettre étaient fournies gratuitement, ainsi que l’affranchissement. Adorant écrire à mes amis, j’en ai bien profité, au point même qu’on m’a une fois demandé si j’étais écrivain ! Ce qui m’a bien fait rire, au vu de mes talents littéraires absolument inexistants (et non, je ne considère pas ce blog comme étant d’une haute portée littéraire). J’imagine que les gens ne doivent tout simplement plus avoir l’habitude de voir quelqu’un gribouiller ligne après ligne sur du papier, avec un stylo.
The Saloon Car
Dans ce wagon, on y trouve la boutique ainsi qu’une petite bibliothèque / salle de jeu. De nombreux livres et jeux sont mis à disposition des passagers, et c’est là aussi que vous pouvez réserver une petite séance de réflexologie plantaire.
Il se trouve aussi que c’était l’un des wagons les moins fréquentés, surtout le soir, et mon frère et moi-même nous nous sommes donnés à cœur joie en y effectuant de nombreuses séances photos. Vous vous demandiez pourquoi il est représenté avec une fleur ici ? Parce que Monsieur est un véritable Narcisse, à s’arrêter pour s’admirer devant chaque glace croisée, et adore se faire photographier. Cela me convient parfaitement, moi qui ne supporte pas d’être prise en photo, mais aime bien avoir un modèle pour faire mes expériences photographiques.
Les restaurants
Nous avions trois wagons restaurants dans notre train, chacun avec sa propre décoration. Nous étions tous attribués à un wagon, et nous avions le choix entre le premier ou second service. Sachant qu’aucun de nous n’étions des couches-tôt, et que nous avons préféré retarder au maximum les repas, suite aux copieux petits-déjeuners auxquels nous avions droit, nous avons choisi le second.
Si, en journée, à cause du climat tropical et des nombreuses sorties effectuées, le dress-code était plutôt casual chic, le soir, pour le dîner, c’était tenue de soirée obligatoire, adaptées aux coutumes des pays d’origine des voyageurs si nous le souhaitions. Ainsi, nous avons pu par exemple voir un écossais porter fièrement le kilt lors de ces occasions.
Quant aux repas, c’était repas gastronomique à chaque fois. J’ai été bluffée par les chefs, qui nous ont à chaque fois préparés de magnifiques repas, dans des conditions pas faciles du tout. Train en mouvement, cuisines minuscules, ils n’étaient franchement pas aidé. Mais le résultat était à chaque fois fabuleux.
Par contre, en tant que grande gourmande, je n’ai pas résisté bien longtemps. Et à l’exception du premier amuse-bouche, une fois les plats arrivés devant moi, j’en oubliais tout le reste. Du coup, vous n’aurez le droit à cette unique photo, la seule que j’aurai prise lors d’un repas.
Le bar
A peu près au milieu du train se trouve le wagon bar, véritable cœur du train. C’est l’endroit parfait pour prendre l’apéro en attendant le dîner ou un digestif après celui-ci, pour siroter un cocktail au son du piano. Barmans très doués, pianiste prêt à jouer tout ce que nous lui demandions (mon père et mon frère ont essayé, mais n’ont pas réussis à le sécher), c’est un lieu très convivial pour se retrouver et discuter.
C’est aussi dans le bar qu’avaient régulièrement lieux quelques spectacles, pour initier les passagers à la culture locale. Dégustations de fruits tropicaux (à laquelle je n’ai pas assisté, estimant m’y connaître suffisamment), ou encore spectacles de danse et marionnettes.
J’admire tous les artistes qui ont fait le show. Ce devaient être un véritable numéro d’équilibriste de danser par exemple dans un train mouvant.
Les marionnettes quant à elles étaient de véritables clowns, à vouloir boire dans nos verres, nous faire des câlins, ou encore fourrer leurs nez dans nos poches et sacs à main. Je n’imaginais pas qu’un petit être de bois pouvait me faire autant rire.
Ce voyage fût une véritable parenthèse enchantée, un moment magique, qu’aujourd’hui encore, je prends un grand plaisir à me remémorer tout cela.
Cet article étant déjà suffisamment long comme cela, je vous dis à très bientôt, pour vous raconter plus en détail tout ce que nous avons pu voir lors de ce voyage à travers la Malaisie et la Thaïlande.
Quelle chance extraordinaire d’avoir pu faire ce voyage, ça fait rêver ! Dire qu’Agatha Christie n’a rien écrit sur cet Orient Express là…
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