Une histoire sans mots est réellement une histoire sans mots. A partir de pictogrammes totalement inventés, voici, heure par heure, une journée de M. Noir. M. Noir ? Un col blanc. M. Noir ? Un citadin. Sa journée ? Des soucis, l’ennui, ses rêves. De bonne heure, il se précipite dans le métro. Bureau. Emails. Une conférence à préparer, bavardage avec les collègues au déjeuner, esquive des coups de fil de sa famille qui le pousser à se marier. La journée finie, M. Noir peut enfin s’offrir un peu de bon temps, il invite une fille rencontrée sur Internet à prendre un verre… La journée de M. Noir verra-t-elle un éclair de bonheur ?
Vingt ans après avoir écrit un livre écrit avec des idéogrammes inventés, que nul ne pouvait lire, Xu Bing nous livre cette fois une histoire lisible par tous. Pas besoin de traduction, pas besoin même de savoir lire, puisque Xu Bing utilise des émoticons, véritable langage universel d’aujourd’hui.
Le véritable titre de ce livre, plutôt qu’une histoire sans mots, devrait être traduit par d’un point à un autre. C’est d’ailleurs ainsi qu’il a été traduit en chinois et en anglais, et c’est bien ce qu’exprime l’image sur la couverture ci-jointe. Et c’est aussi un bon résumé de l’histoire.
L’auteur nous raconte ici 24 heures dans la vie d’un col blanc. D’un matin à un autre. L’histoire en elle-même est très banale, comme vous pouvez le voir de la description du livre, mais n’est pas sans humour.
Par contre, j’ai adoré la façon dont l’auteur s’y est pris pour nous raconter cette histoire. Pas un seul mot, seulement des images. Nous remontons là aux origines de l’écriture. D’une certaine manière, je ne suis pas surprise que ce soit un chinois qui nous ai offert ce livre. Après tout, c’est exactement ainsi que le chinois a commencé, avec des pictogrammes, des dessins représentant une idée. Ces dessins ont ensuite évolués, sont devenus de plus en plus complexes, pour représenter des idées elles-mêmes de plus en plus complexes, et ont donné le chinois, tel que nous le connaissons actuellement. Je me demande du coup quel niveau de complexité et d’abstraction peut-on atteindre tout en faisant en sorte que le langage reste compréhensible par ceux qui ne l’ont jamais étudié ? Quelles images sont compréhensibles par tous ? Quelles idées sont réellement universelles ?