Qiu Xiaolong est un écrivain chinois, principalement connu pour ses romans policiers et leur héros, l’inspecteur Chen. Cependant, bien qu’il s’agisse d’intrigue policières tout ce qu’il y a de plus classique, avec ses cadavres, meurtriers, détectives (et une petite touche politique supplémentaire, n’oublions pas que nous sommes en Chine), on peut dire que l’un des personnages principaux de ses oeuvres est la ville de Shanghai en elle-même, ville dans laquelle il est né et à grandit, avant de s’exiler aux États-Unis. Il est cependant resté très attaché à la ville et y fait des séjours réguliers. Il ne lui restait donc plus qu’à écrire un récit consacré à cette ville, ce qui est arrivé avec Cité de la Poussière Rouge, où il raconte, grâce à une succession de petites vignettes, l’histoire des résidents d’une cité shanghaïenne tout au long de la période communiste chinoise, des débuts de la révolution chinoise au socialisme à la chinoise d’aujourd’hui, et retrace leurs vies faces aux remous de cette période troublée.
La bonne fortune de monsieur Ma aurait tout à fait eu sa place au milieu de ce recueil. En effet, on se retrouve au même endroit, avec les mêmes personnages, la même trame, mais on vient explorer ici plus en avant l’histoire d’un personnage secondaire qui apparaît dans les aventures de l’inspecteur Chen, faisant en quelques sortes le pont entre ses deux récits.
«C’est une invention bien connue de conspirer contre le Parti avec des romans», a dit le président Mao. Un précepte que méditent les habitants de la cité lorsque monsieur Ma, le libraire, est arrêté un soir de l’hiver 1962. Son crime? Posséder dans ses rayons un roman étranger à propos d’un certain docteur russe. Sa peine? Trente ans d’emprisonnement pour «activités contre-révolutionnaires». Vingt ans plus tard, Ma est libéré. La Révolution culturelle est loin, Mao est mort, les autorités encouragent l’initiative privée. Que pourrait faire le vieux Ma après tant d’années de prison? Contre toute attente, son nouveau commerce est un succès. Une reconversion à mille lieues de la littérature. Quoique…
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On a ici une petite nouvelle toute courte (50 pages), qui se lit d’une traite. On retrouve toute l’ambiance de Cité de la Poussière rouge, avec ses bulletins d’information et sa vie de quartier, ainsi qu’un petit côté policier avec l’un des habitants, qui, ayant lu un peu trop d’enquêtes de Sherlock Holmes, décide de faire la lumière sur l’emprisonnement de monsieur Ma. L’histoire pourrait paraître extraordinaire, mais fait partie des nombreux récits du même genre qui ont pu arriver en Chine à cette époque. Le fait qu’elle soit racontée comme une petite anecdote de vie renforce cette impression de banalité, pour une histoire qui en fin de compte ne l’est pas.
Pour ceux qui ont lu Visa pour Shanghai (deuxième aventure de l’inspecteur Chen), ils y trouveront une petite référence en fin de nouvelle, bien que les noms des personnages ne soient jamais explicitement cités.
On a ici un beau récit, sur un personnage intéressant, qui méritait sa place au premier plan.
Bonjour,
Je découvre ton blog par l’intermédiaire du blog de Charles. Et avec un article sur Monsieur Ma je ne pouvais pas ne pas te laisser un message.
Tu as de très jolies photos. Merci
Heureuse coïncidence !
Merci pour les photos. Elles sont cependant loin de valoir les vôtres ! Si jamais j’y arrive un jour, je serais aux anges.
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