Voilà plusieurs mois que l’exposition universelle est finie, mais elle a laissé de nombreuses traces sur le paysage shanghaien. L’une de celles-ci est le pavillon de la Chine, immense pyramide rouge renversée. Et ce pavillon se visite encore aujourd’hui. En effet, voyant l’afflux de visiteurs voulant voir ce pavillon, la Chine s’est vue obligée de distribuer des tickets, et limiter les entrées. En échange, elle a promis de laisser le pavillon ouvert après la fin de l’expo, afin que ceux qui n’avaient pas pu le visiter alors puisse le faire par la suite. C’est donc bien après la cérémonie de clôture de l’exposition que je suis allée visiter le pavillon national.
L’approche est impressionnante. Le pavillon est imposant. Voici quelques chiffres pour vous faire une idée :
- hauteur de la tour principale : 69,9m.
- le toit est un carré de 139,8m de côté.
- surface au sol : 71 300m2.
- surface : 160 126m2.
- poids de la structure d’acier : env. 21 000 tonnes.
- volume de ciment utilisé : 130 000m3.
Petit détail que je n’avais pas remarqué de loin, mais que j’ai beaucoup apprécié : le bout des poutres, qui ressemble à des sceaux chinois.
La visite commence à l’intérieur par une foule de panneaux retraçants la construction du pavillon (d’où proviennent les chiffres cités plus haut). On atteint ainsi les ascenseurs, qui nous amènent tout en haut, où le parcours commence. Je rappelle que le thème de l’exposition était « Une ville meilleure pour une vie meilleure », afin de faire réfléchir sur les villes du futur, et notamment sur le développement durable. En patientant pour la première étape, une vidéo, nous pouvons observer de nombreux écrans qui « tombent » du plafond, et qui montrent des petits moments de vie dans une ville.
Nous entrons ensuite dans une grande salle de cinéma, dans laquelle nous avons droit à une courte vidéo nous montrons l’évolution des villes chinoises au cours des dernières années, à travers les yeux d’une famille, de l’arrière grand-père à l’arrière petit-fils. On les voit quitter leurs montagnes et arriver dans la ville, lieu d’avenir. Vidéo magnifique, où évidement, l’histoire chinoise apparaît idéale, et la ville un lieu plein d’espoir. On a droit à un beau moment de tragédie, avec le tremblement de terre de Sichuan, dévastateur (les chinois sont assez traumatisés par les tremblements de terres), mais qui est aussi l’occasion pour tout un peuple de s’unir dans la difficulté, et de repartir de plus belle afin de se créer un avenir meilleur.
Après cette petite vidéo bien promettant pour l’avenir du pays, petit retour en arrière dans la salle suivante, où nous avons droit à une petite rétrospective sur les intérieurs chinois des dernières années. Étaient reconstitués des appartements des années 1978, 1988, 1998 et 2008. Étaient exposés aussi des vêtements des mêmes années, le tout afin de nous montrer l’évolution qu’a pu connaître les chinois au cours de ces dernières années.
Papa, qui doit connaître la Chine depuis bien 30 ans, a trouvé ces reconstitutions d’appartements plutôt correctes, et ressemblant à ce qu’il a pu voir à ses débuts en Chine. Pour ce qui est de la mode, par contre, j’ai quelques doutes : on est aujourd’hui en 2011, et je ne me suis encore jamais habillées avec des robes telles que celles exposées pour 2008 ! Il est intéressant néanmoins de noter la vitesse du changement. Toujours dixit papa « on voit apparaître en 10 ans des changements qui ont mis 30 ans à se faire chez nous ! ».
Après cela, on arrive à ma salle préférée. On voit apparaître sur un grand mur une reproduction d’une célèbre fresque de la dynastie Song, Le Jour de Qingming au bord de la rivière (je rappelle que la fête de Qingming est la fête du balayage des tombes). Mais là ou les concepteurs du pavillon ont fait très fort, c’est que tous les personnages, animaux, etc. étaient animés ! Le tableau prenait vie sous nos yeux, et j’en ai été bluffée. On pouvait ainsi vraiment voir toute l’activité et le foisonnement d’une ville de cette époque. Je suis restée bien longtemps devant cette fresque animée, à voir et observer tous les petits détails de la vie telle qu’elle avait pu l’être à cette époque reculée.
Après cela, petit passage dans une forêt d’arbres tous de verts illuminés, pompeusement appelée « forêt de l’espoir », et à côté de laquelle nous pouvions voir du « super riz » pousser, avant d’arriver devant un panneau animé, ou nous pouvions voir un immeuble, avec tous les voisins s’ignorants et vivant tranquillement chez eux, avant que les murs ne tombent, et qu’ils ne finissent par se rencontrer et s’entraider. Et oui, l’un des problèmes des villes actuelles, c’est ce manque de chaleur entre voisins. Un problème qui touche de plein fouet la Chine. En effet, dans les anciens quartiers chinois, les gens avaient beaucoup tendance à vivre dans la rue. C’est à dire que les personnes se retrouvaient toutes sur le pas de leurs appartements/maisons à discuter, papoter, échanger des ragots, etc. Tout le monde savait tout ce qui se passait chez les voisins. Pour certains (et pour moi la première), cela représente un grand manque d’intimité. Mais beaucoup de gens, notamment des vieilles personnes se retrouvent déracinées et bien seules, lorsqu’elles sont expulsées de leurs maisons (qui seront rasées pour de nouveaux projets immobiliers) et se retrouvent dans ces nouvelles barres d’immeubles, sans connaître personne, et où tout se passe derrière des portes fermées. Je suppose qu’il s’agit là donc d’un veux pieux, celui de rentre ces nouvelles habitations plus humaines et chaleureuses. Ça n’est pas encore gagné.
Après cela, nous arrivons dans un couloir avec plein de tableaux peints par des enfants, représentant leurs visions de nos futures villes. Il est intéressant de remarquer que beaucoup nous imaginent vivre dans des arbres. Véritable préoccupation écologique, ou est ce leur profs qui leur auraient soufflé l’idée ? On retrouve aussi dans certains dessins des traces des ethnies d’origine des enfants, comme des nomades tibétains vivants sous la tente.
Après cela, nous avons droit à un petit train qui nous amène au milieu d’éléments essentiels de nos villes, tels que les ponts ou les piliers de soutènement, comparant les versions anciennes et futures.
Après toutes ces considérations historiques et ces belles prévisions futuristes, il est temps de passer à un peu de concret, et voir comment ils comptent arriver à faire une meilleure ville, et notamment une ville moins demandeuse en énergie. On peut donc voir exposées quelques nouvelles technologies afin de produire de l’énergie renouvelables, telles que éoliennes, panneaux solaires et micro-algues afin de produire du biodiesel.
On a aussi le droit à de magnifiques panneaux, comparant le bilan carbone de différents moyens de transports, ou encore de différents moyens d’éclairage (en gros, la voiture perso, c’est le mal, il faut utiliser les transports en commun ; utilisez des lampes LED ou des ampoules à économie d’énergie plutôt que des ampoules à filament !).
Après ça, passage à la boutique souvenir, avant de nous retrouver dehors. Les jardins sont malheureusement fermés, et nous ne pourrons les visiter (en même temps, le printemps n’était pas encore tout à fait là quand j’étais allée visiter le pavillon, il ne devait donc pas y avoir grand chose à voir). Après un dernier regard au pavillon (dont la visite nous aura tout de même pris plus de deux heures), voilà venu le temps de rentrer chez soi.