J’en été restée à nos derniers instants à Quanzhou. En fin d’après-midi, le chauffeur de notre prochain hôtel est venu nous chercher, et nous voilà partis pour notre prochaine destination, les tulou, dont plusieurs sont classés patrimoines mondiaux de l’UNESCO.
Les tulou sont un genre de village fortifié assez particulier. Ils sont contruits par les Hakkas. Les Hakkas sont des chinois Han (la majorité) qui vivent dans le sud de la Chine. Ils ont été chassés là des régions plus septentrionales par vagues successives, à causes des nombreuses guerres dynastiques qu’il y a eu. Arrivés tardivement par rapports aux autres Hans, ils ont du s’installer dans les zones les moins fertiles et les plus difficiles d’accès. De plus, les pressions démographiques et les rivalités pour les ressources les ont poussés à se protéger, et construire les tulou.
De forme principalement rectangulaire ou circulaire, construits le plus souvent en pisé (土楼 signifie littéralement : le bâtiment en terre), ils sont constitués d’un large mur d’enceinte, pouvant atteindre 1 à 2m de largeur, et de plusieurs mètres de haut, à l’intérieur duquel vit le village. Sur la face intérieure de ces murs sont les habitations. D’autres bâtiments peuvent aussi être construits dans la cour intérieure. Certains tulou possèdent un mur d’enceinte supplémentaire à l’extérieur. Ils ne possèdent en général qu’une seule porte, pour minimiser les points faibles (les plus grands peuvent cependant en posséder plusieurs). Les plus grands peuvent contenir jus’qu’a 80 familles. On trouve dans chaque tulou un autel des ancêtres.
Au rez-de-chaussé sont situées les cuisines. Chaque tulou possède ses propres puits, ce qui leur permettait de soutenir de longs sièges. Les animaux sont aussi gardés au rez-de-chaussé, dans des enclos dans la cour intérieure. Le premier étage est reservé au stockage (grains, armes et munitions). Les chambres se trouvent à partir du deuxière étage, étage à partir duquel on commence à trouver des fenêtres. On peut donc voir qu’il s’agissait d’un très bon système de défense.
Nous voilà donc en route pour aller voir ces curiosités architecturales. Il y a quatre heure de trajet entre Quanzhou et le village ou nous allons habiter. Bercée par le ronron de la voiture, et fatiguée par notre journée, j’avoue avoir dormi pendant une bonne partie du trajet. Lorsqu’on arrive, il fait déjà nuit noir. Nous découvrons le lieu ou nous allons dormir, qui est en fait un petit toulou familiale, qu’un couple de jeunes citadins a loué et transformé en guest house. C’est plutôt bien aménagé, bien arrangé, tout en gardant les caractéristiques traditionnelles du bâtiment. Seul bémol : pas de chauffage, heureusement qu’il y a des matelas chauffants pour compenser ! Nous sommes très bien accueillis, et après un bon dîner chez les voisins (les jeunes s’occupent de l’hébergement, et la famille voisine du repas), retour au guest house, organisation de la journée du lendemain, et dodo.
Le lendemain matin, revigorés, nous sommes prêts pour une nouvelle journée de découvertes. Nous avions prévu pour cette journée d’aller visiter les tulou de Yongding, le comté voisin. Notre chauffeur nous y conduit. Nous commençons par Yanxiang Lou, construit en 1842. Il n’est que peu touristique, et nous pouvons y voir les résidants vivre tranquillement leur vie, peu perturbés par les quelques visiteurs que nous sommes. Nous sommes tous plutôt impressionnés par notre première rencontre avec ce genre de bâtiment. D’autant plus que celui-ci dégage une certaine authenticité qui ne sera pas forcément au rendez-vous par la suite.
Nous enchaînons ensuite par Zhenfu Lou, construit en 1913, aujourd’hui vidé de ses habitants et transformé en musée. Il est entièrement vide lors de notre visite, ce qui lui donne un air plutôt mort, surtout comparé au précédent. Il s’agit cependant d’une bonne source d’information sur les tulou, leurs méthodes de construction, leur architecture, les personnes qui y vivaient, etc. En sortant, nous en profitons pour faire un petit tour dans la campagne environnante. On y trouve beaucoup de plantations de tabac, qui est apparement la ressource principale du coin (en dehors du tourisme), et ce, depuis longtemps.
Après cela, nous nous dirigeons vers le groupement de tulou de Hongkeng. Arrivés là-bas, nous commençons par déjeuner. Puis nous nous dirigeons vers Zhencheng Lou, surnommé le « prince des tulou ». Il fut contruit en 1912 par les descendants d’un riche marchand de tabac. Il a pour particularité d’avoir un hall des ancêtres influencé par l’architecture occidentale, avec des colonnes de style grecques.
Nous partons ensuite nous balader auprès des autres tulous dans le coin. Ils sont en général plus petits et moins touristiques. Les touristes sont cependant bien accueillis. En effet, on achète un billet commun pour tous les tulou, et une partie de l’argent est ensuite reversé à chaque famille. Je suppose juste qu’il y a moins de personnes qui vont dans ces derniers, qui sont moins connus. Les plus notables, sont Kuiju Lou et Fuyu Lou, tous deux carrés. Le premier a l’allure d’un palace a l’intérieur, avec ses nombreuses enceintes et toits bien décorés, et le second a l’air plus d’une maison, avec ses différentes cours, halls et paneaux. Le tout évidement caché du regard, à l’intérieure de l’enceinte de terre. C’est l’occasion pour nous de rencontrer les habitants des tulou. On a pour le coup vraiment l’impression de rentrer chez eux. Du linge sèche aux différents balcons, les poules et autres animaux se baladent dans la cour.
Après ces nombreuses visites, nous nous dirigeons cette fois vers Chengqi Lou, le roi des tulou. Construit en 1709, il est l’un des plus grands tulou. Il possède quatre cercles concentriques, avec le hall des ancêtres au centre. À son apogée, plus de 80 familles y résidaient. Il n’en reste aujourd’hui plus que 50-60. Il faut reconnaître qu’il est très impressionnant. Mais sa stature plus imposante signifie qu’il est aussi plus connu, et beaucoup plus touristique. Mon frère se fait notamment harponner pour goûter des thés (et évidemment, en acheter). On trouve dans celui-ci, et dans les quelques tulou voisins, de nombreuses boutiques de souvenirs en tout genre (thé, statuettes souvenir de tulou, plaques de bois sculptées, etc.).
La journée approche de sa fin, et nous nous décidons donc à rentrer au guest house. Là-bas, nous décidons de profiter des dernières lueurs du jour pour aller nous balader dans les hauteurs au-dessus du village. Nous faisons un petit tour au milieu des plantations de thé jusqu’à ce que le jour déclinant nous oblige à rentrer au village. De plus, ce soir, c’est le nouvel an chinois, et un bon repas nous attend. Plus de détails à ce sujet à venir !
Je suis une grande fan de tes photos de toitures.
Le très kistch Zhencheng Lou contraste avec les photos d’extérieur en terre bien brute de façon assez saisissante.
Merci de me faire voyager pendant mes révisions de partiel 🙂
J’ai un très très gros faible pour les toits. J’ai l’impression d’avoir passé mon temps à photographier ça !
C’est vrai que le contraste pour Zhencheng Lou est saisissant. Peut-être parce qu’ils ont voulu innover ? Que le riche marchand a voulu imiter ce qu’il a pu voir en ville, lors de ses affaires ?
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